SEM PACT « L’Actuel » 10/06/2024

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L’axe PACT se réunira comme chaque mois de janvier et juin pour une séance d’atelier collaboratif « L’Actuel » le 10 juin 2024 à la Maison de la Recherche (Serpente).

La séance aura lieu autour d’un texte de Jacques RANCIÈRE, Les Bords de la fiction, Paris : Seuil, 2017.

On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l’expérience ordinaire, ce n’est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l’ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l’inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l’ignorance en savoir. Cette rationalité fictionnelle a subi à l’âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l’ensemble des rapports humains le modèle d’enchaînement causal qu’elle réservait aux actions d’êtres choisis. La littérature, à l’inverse, l’a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s’installer sur le bord extrême qui sépare ce qu’il y a de ce qui arrive. Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s’agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d’un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout. En un temps où la médiocre fiction nommée « information » prétend saturer le champ de l’actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l’assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d’atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l’horizon des regards et des pensées sur ce qu’on appelle un monde et sur les manières de l’habiter.

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À partir d’un texte de théorie proposé à la lecture et différent à chaque fois, les séances génèrent une réflexion collective articulée aux préoccupations de recherche « actuelles » de chacun. Chaque participante ou participant choisit un texte littéraire qui entre en résonance avec le texte de théorie proposé. Au cours de la séance, chacune et chacun expose en 5 minutes, sans ambition d’exhaustivité, comment le texte de théorie permet de lire et penser le texte littéraire choisi individuellement. Après la série de micro-présentations, la séance s’achève par un temps de discussion. Le séminaire prend la forme d’une mosaïque de pensée et de lectures avec leurs lignes de convergence, leurs résonances. Il permet également de faire dialoguer des approches critiques différentes. La forme que prend cette pensée par fragments, par « ilots » pour reprendre les termes de Maurice Blanchot, nourrit une réflexion collective sur les textes et une forme d’élaboration théorique.

Extrait disponible sur simple demande auprès de Juliana Lopoukhine juliana.lopoukhine@sorbonne-universite.fr