Le 25 mars à 9h30, salle de la Fresque en Sorbonne, une vingtaine d’étudiantes et d’étudiants de licence et de master qui suivent les enseignements de “littératures postcoloniales” à l’UFR d’Études anglophones, accompagné.e.s de quelques enseignantes et enseignants, ont eu la chance de rencontrer l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.
L’autrice des romans Purple Hibiscus (2003), Half of the Yellow Sun (2006), Americanah (2013), du recueil de nouvelles The Thing Around Your Neck (2009) ainsi que d’essais dont le célèbre “We should all be feminists” (2014) recevait le même jour un Doctorat Honoris Causa de Sorbonne Université. La rencontre a été l’occasion d’un moment d’échanges privilégiés avec la célèbre autrice dont le dernier roman Dream Count vient de paraître.
Les questions des étudiantes et étudiants à Mme Adichie ont abordé des sujets tels que sa vision du féminisme, de la diversité et ce qu’elle a appelé dans son célèbre Ted Talk le “danger d’une histoire unique” (“The Danger of a Single Story”), mais aussi sa relation à l’actualité politique et au racisme, par exemple le traitement médiatique de Nafissatou Diallo dans l’affaire DSK dont elle s’est inspirée dans son dernier roman. Le groupe l’a interrogée sur le sentiment d’appartenance qu’elle décrit dans Americanah, sur le pouvoir qu’a la littérature de nous aider à comprendre les événements historiques, ou sur l’écriture comme thérapie.
Parmi les réponses de Mme Adichie qui ont particulièrement marqué les étudiantes et étudiants, on peut citer sa vision de la littérature comme un art qui doit s’affranchir des étiquettes: Mme Adichie se voit davantage comme une autrice qui se trouve être féministe, que comme une “autrice féministe”. Concernant la langue dans laquelle elle écrit, qui est la langue de l’ancien empire britannique, Mme Adichie a réagi en déplorant que le colonialisme ait eu lieu, mais en affirmant que l’une de ses conséquences est que l’anglais lui appartient comme langue d’écriture, au même titre que l’Igbo: “English is mine just like Igbo is mine.” Lorsque le groupe a sollicité ses conseils pour aborder l’écriture créative, Mme Adichie a expliqué que l’écriture exigeait des sacrifices et a encouragé les étudiant.e.s à se lancer dans l’écriture, en les exhortant à ne jamais s’autocensurer ou s’excuser d’écrire, en particulier les femmes, et surtout celles qui appartiennent à des minorités: “Go do it!”