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JE: 11/01/20, « Le modernisme en errance / The Wanderings of Modernism »

11 janvier 2020

La journée d’études « Le modernisme en errance/ The Wanderings of Modernism » se tiendra le samedi 11 janvier de 9h à 18h à la maison de la recherche du 28, rue Serpente, 75006 (métro Odéon). Veuillez trouver ci-dessous le programme de la journée. Nous serons ravis de vous y voir!

L’équipe d’organisation.

THE WANDERINGS OF MODERNISM/ LE MODERNISME EN ERRANCE

9h: Welcome

9h15–10h30: Keynote lecture
(chair: Frédéric Regard)
Jean-Michel Rabaté (University of Pennsylvania): Errorland, ou le modernisme en errance (Joyce, Kafka,Beckett)

10h30–11h: Coffee break

11h–12h50 Panel 1: Vagrancy, Wanderlust, and Identity
(chair: Yasna Bozhkova)
Benoît Tadié (Université Rennes 2): Tramps, Bums and Hobos, or the Wanderings of Low Modernism
Daniel Katz (University of Warwick): From “Vagabondage” to Celestial Hobos: Claude McKay, Bob Kaufman, and Dada Prodigies of Black
Louise Kane (University of Central Florida): Claude McKay’s Wanderlust and the Question of Identity
Justine Baillie (University of Greenwich): Harlem Renaissance Modernism: Migration and Folk Discourse

12h50–14h: Lunch

14h–15h20 Panel 2: Displacement and the Wanderings of the Self
(chair: Diane Drouin)
Pascal Bardet (Université Toulouse 2): A Generation Lost and Found: Displacement and Self-awareness in F. Scott Fitzgerald’s Shorter Fiction
Pauline Macadré (Université de Reims Champagne-Ardenne): « The true gospels expounded in an unknown tongue » / L’errance et le doute chez Woolf
Corentin Jégou (Sorbonne Université): The Politics of Displacement in Joyce’s Writing

15h20–15h50: Coffee break

15h50–17h40 Panel 3: Wanderings in Style
(chair: Olivier Hercend)
Amélie Ducroux (Université Lumière Lyon 2): ‘The Waste Land’, entre errance et cohérence
Adrienne Janus (Université de Tours): Modernism’s Macrocosmic Disorientations and Microcosmic Derangements
Neela Cathelain (Tufts University): “In Her, Outside of Her, Somewhere Between Them”: Knowledge, Wandering, and Style in The Last September by Elizabeth Bowen
Xavier Le Brun (Université d’Angers): I Am the Walrus: subjectivités en errance et phénoménologie dans The Years, de Virginia Woolf

17h40–18h: Concluding remarks (Yasna Bozhkova, Diane Drouin, Olivier Hercend)

Équipe de recherche : Voix Anglophones : Littérature et Esthétique (VALE – 4085). Axe PACT.

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CFP:

Le retour de la paix fin 1918 inaugure pour le modernisme une période troublée. La réouverture des frontières après les années de conflit est une bouffée d’air frais. D.H. Lawrence entame en 1919 un voyage en France puis en Italie, alors que Joyce sort de son refuge en Suisse. Mais la période d’euphorie cosmopolite du début des années 1910 est passée, et les séquelles de la tragédie mondiale, dont Joyce fait l’expérience à son retour à Trieste, se mêlent aux drames personnels. Mina Loy perd son mari, le poète et boxeur Arthur Cravan, et s’engage dans une période de vagabondage transatlantique, alors que l’atmosphère de plus en plus irrespirable du Royaume-Uni d’après-guerre pousse Pound au départ, et accentue le malaise de T.S. Eliot, menant à une période de dépression grave, qui le fera voyager de cure en cure, jusqu’à Lausanne. Néanmoins, au gré de ces allers-retours, parfois dans la pauvreté ou l’adversité, de nouvelles rencontres ont lieu. Des liens se tissent, qui forment la trame d’un renouveau littéraire. La rencontre entre Eliot et Virginia Woolf, qui publie son recueil Poems, puis The Waste Landà la Hogarth Press, fait écho à l’ouverture à Paris d’une nouvelle librairie, Shakespeare and Company, qui réunit peu à peu son propre cercle, et dont la propriétaire, Sylvia Beach, rencontre en 1920 Ezra Pound puis James Joyce, menant à la publication de Ulysses.

Il s’agira donc de se pencher sur l’influence qu’a pu avoir cette expérience commune d’un moment d’incertitude, d’errance à la fois personnelle et culturelle, sur le modernisme d’après-guerre.

L’errance est d’abord un rapport à l’espace. Face à l’itinéraire menant à un but par des étapes prédéterminées, errer consiste, par choix ou par contrainte, à prendre les chemins de traverse, à rejeter la ligne droite et les formes déterminées en faveur de l’indistinct, de l’oblique et de la rencontre fortuite. Face à l’organisation croissante de l’espace, notamment celui du voyage par les structures de consommation du tourisme, les modernistes inventent leurs propres anti-itinéraires, à l’image du « Baedeker lunaire » de Mina Loy, ou de celui que lit Burbank dans le poème « Burbank with a Baedeker : Bleistein with a Cigar » d’Eliot. Cette détermination se double d’un rapport à la temporalité. L’expérience de l’après-guerre remet à plat toutes les assertions sur la linéarité du temps, progressistes ou positivisites, appelant à un nouveau rapport au passé. Loin d’être dépassable, celui-ci vient questionner, poindre le monde contemporain, qui, comme Yeats l’illustre dans son poème « Leda », n’est pas débarrassé de la violence tragique la plus antique.

L’errance est ainsi un moyen privilégié, par les détours de l’espace et du temps, pour subvertir les assises de l’ordre présent. Elle est l’arme de Stephen Dedalus, que « le silence, l’exil et la ruse » mènent à la fois à circuler dans les labyrinthes et à les transcender, « déployant les ailes de son exultante et terrifiante jeunesse » – mais aussi celle de Joyce, dont l’écriture tient elle-même du dédale. Le style moderniste est tributaire de l’errance, comme expérience et comme concept. C’est l’errance physique et mentale qui ouvre The Waste Land, du « Hofgarten » aux rues de Londres et de la prophétie inachevée aux arcanes de la cartomancie. Face aux assignations, de lieu, de classe et de genre, l’errance spatiale et temporelle est aussi le moteur de l’échappée fantastique d’Orlando. Mais cette ouverture s’inscrit toujours sous le signe du danger, d’une précarité de la vie – celle de Tarr chez Lewis ou d’Insel chez Loy – et souvent hantée par le traumatisme. Les déambulations de Septimus après la guerre, de l’Italie à l’Angleterre, sont un mouvement de fuite, face à un vide et une absence terrifiante. Loin d’être la simple échappée de la flânerie, l’errance implique une inquiétude fondamentale, une désorientation qui touche le rapport le plus intime à soi et à autrui.

C’est ainsi que la notion d’errance permet d’interroger l’identité même, sous la figure du retour impossible à soi. Le déracinement, la nostalgie et son rapport au « nostos », au retour à son lieu de départ, sous-tend les déambulations de Stephen et de Bloom, exilés pour un jour de leur domicile et circulant sans clés, comme celles des poètes et écrivains américains de la lost generation à Paris. Elle pose aussi la question de l’accueil, de la rencontre avec l’autre dans son altérité, malgré les différences et même les différents – à la fois personnels, et dans la lecture et la défense des œuvres nouvelles. L’hospitalité vis-à-vis des personnes comme des textes, sous les signes contraires de la compétition, de l’incompréhension et d’une forme paradoxale de communauté, est en grande partie le produit de ces années d’errance, où comme l’affirmait Virginia Woolf dans « How It Strikes a Contemporary », s’est esquissé la « structure […] bâtie d’un effort commun » dont sont sortis les chefs-d’œuvre du modernisme.

Les propositions de communication, en anglais ou en français, devront traiter principalement du modernisme anglophone, et pourront porter sur les sujets suivants :

· Le rapport entre l’expérience personnelle et biographique d’un ou plusieurs auteurs modernistes et leur rapport non-linéaire au temps, à l’espace ou à l’écriture.

· La démonstration textuelle ou narrative du lien qui unit le style et l’expérimentation moderniste à la notion d’errance.

· La contextualisation culturelle et artistique du modernisme d’après-guerre, via des concepts comme ceux de marge, de désorientation, de déracinement, de déterritorialisation ou de nomadisme ainsi que d’hospitalité et d’accueil.

· La réflexion sur les conséquences culturelles, politiques et les prises de position modernistes vis-à-vis de la reconfiguration brutale de l’espace européen et mondial.

Ces propositions (300 mots env.), accompagnées d’une brève notice biographique, devront être adressées avant le 21 septembre 2019 à modernisme.errance@gmail.com

The return of peace in 1918 heralded a troubled period for Modernism. After years of tensions, the borders opened again: D.H. Lawrence travelled to France and Italy in 1919, while Joyce left the safe haven of Switzerland. But the euphoria and cosmopolitan openness of the early 1910s had receded in the aftermath of the horrors of war, as Joyce realised upon returning to Trieste, and personal tragedies compounded the general gloom. Mina Loy lost her husband, the poet and boxer Arthur Cravan, and started wandering across the Atlantic, while the increasingly tense atmosphere in the UK led to Pound’s departure, and accentuated Eliot’s inner struggles, ushering in a new period of major depression during which he travelled for his health, going as far as Lausanne. These comings and goings, however dire the circumstances, fostered new relations, and the encounters that took place in this period initiated a new phase of literary creation. Eliot became friends with Virginia Woolf, who published his collection Poemsand The Waste Landat Hogarth Press, while in Paris, Sylvia Beach opened a new bookshop, Shakespeare and Company, surrounding herself with artists such as Pound and Joyce, and presiding over the publication of Ulysses.

Our aim will be to analyse the influence of this common experience of personal and cultural wandering in a shared moment of uncertainty, on post-war modernism.

Wandering first has to do with space. Unlike an itinerary with a set goal that can be reached through progressive stages, wandering implies that, wilfully or not, one is led astray, rejects the straight line and faces vagueness, obliqueness and chance encounters. In a space that was becoming increasingly organised, especially in the case of travels, by the growth of tourism and its structures of consumption, modernist artists invented their own anti-itineraries, exemplified by Mina Loy’s “Lunar Baedeker” or the one that Burbank reads in Eliot’s “Burbank with a Baedeker, Blenstein with a Cigar”. This relation to space is compounded by a question of temporality. The post-war experience questions all notions of temporal linearity, progressive and positivist outlooks, and calls for a new relation to the past. It is impossible to simply leave it behind: it always haunts the contemporary world, which, as Yeats expresses in his poem “Leda”, is far from having outgrown the threat of the most archaic violence and tragedy.

Hence, wandering, through time and space, becomes a means to subvert the foundations of the present. It is the weapon of Stephen Dedalus, who uses “silence, exile and cunning” to circulate among the labyrinths of the present, and also to transcend them “shaking the wings of his exultant and terrible youth” – just as Joyce’s Daedalian style plays with the linguistic structures of time and space. Modernism is founded on these stray, errant descriptions of experiences and concepts. The opening of The Waste Landbears the mark of both physical and mental wandering, from the “Hofgarten” to the streets of London, from the incomplete prophecy to the mysteries of cartomancy. Against the predetermined roles, classes and spaces which society assigns to individuals, wandering also fosters escapism, opening up the strange, fantastic realms that such works as Woolf’s Orlandoexplore. Nevertheless, openness comes with its own dangers, with a precariousness that echoes the lives of Lewis’s Tarr or Mina Loy’s Insel, and the haunting aftermath of trauma. The post-war wanderings of Septimus from Italy to England symbolise a movement of flight, when faced with the void and with a terrifying absence. Far from being a simple case of escapism and flânerie, wandering is indissociable from a form of anxiety, a loss of bearings in one’s own relation to oneself and to the others.

This is why the notion of wandering also touches upon questions of identity, of one’s ability to find or return to oneself. Characters are often uprooted, feeling nostalgia – that is to say questioning their relation to the “nostos”, where one comes from. Stephen and Bloom’s wanderings in the streets of Dublin are a form of exile: they meander, having left their keys, far from their home. This state echoes that of the Americans of the “lost generation”, their wanderings and loss of moral and well as spatial compass. And through these depictions of “strangers in a strange land”, modernism also questions notions such as hospitality, the encounter of the Other, surmounting differences and tensions – both personal and artistic, defending the foreignness of people, but also that of the new modernist works. Welcoming texts, and welcoming others, can take multiple form: competition and strife, misreading and mutual interpretation, but also a form of paradoxical community. For these years of errancy are the basis for what Woolf, in “How It Strikes a Contemporary”, called the “structure […] built by common effort”, from which the major works of modernism have arisen.

Proposals, in French or English, will have to focus primarily on anglophone modernism, and investigate such topics as:

· The relation between the lives and personal experience of one or several modernist authors and their non-linear vision of time, space or style.

· The demonstration, through textual analysis, of the link between modernist style and experimentation and the notion of wandering or errancy.

· The artistic and cultural context of post-war modernism, through concepts such as those of margins, disorientation, uprooting, deterritorialization and nomadism as well as hospitality and care.

· Reflections on the cultural and political consequences of the post-war reconfiguration of space in Europe and throughout the world, and the commitments of modernist artists with regards to these changes.

These proposals (about 300 words), along with a short biographical note, should be sent by September 21st2019 to modernisme.errance@gmail.com

Références bibliographiques/ Selective bibliography

Benjamin, Walter, Walter, Paris, capitale du XIXe siècle : le livre des passages, Paris : Éditions du cerf, 1997

Berman, Jessica, Modernist Fiction, Cosmopolitanism and the Politics of Community,Cambridge : CUP, 2001

Berry, Ellen E., Curved Thought and Textual Wandering : Gertrude Stein’s Postmodernism, Ann Arbor : University of Michigan Press, 1992

Cixous, Hélène, L’Exil de James Joyce ou l’art du remplacement, Paris : Grasset, 1968

De Certeau, Michel, L’Invention du quotidien, Arts de faire, (vol.1), Paris : Gallimard, 1990

Deleuze, Gilles, et Félix Guattari, Mille Plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1990

Derrida, Jacques, Politiques de l’Amitié, Paris : Galilée, 1994

Ganteau, Jean-Michel et Reynier, Christine (Eds.), Ethics of alterity, confrontation and responsibility in 19th- to 21st-century British arts, Montpellier : PULM, 2015

North, Michael, Reading 1922 : A Return to the Scene of the Modern, Oxford : OUP, 1999

Rabaté, Jean-Michel, James Joyce and the Politics of Egoism, Cambridge : CUP, 2001

Radia, Pavlina, Nomadic Modernisms and Diasporic Journeys of Djuna Barnes and Jane Bowles, Leiden : Brill, 2016

Détails

Date :
11 janvier 2020
Catégories d’Évènement:
,
Évènement Tags:

Lieu

Maison de la Recherche salle 002
Salle 002, 28 rue Serpente
Paris, 75006

Organisateurs

O. Hercend
D. Drouin
Y. Boskova