SEM Poetry Beyond – Cycle La poésie exposée – 3 oct 2024 à 17h – Elise Angioi (Paris 8), « Les installations-poèmes plurilingues de Caroline Bergvall : pour une esthétique participative »

Dans le cadre du Cycle interdisciplinaire « Du livre au mur ! La poésie exposée (musées, galeries, bibliothèques) », nous aurons le plaisir d’écouter Elise Angioi (Paris 8 Vincennes Saint Denis) nous parler des installations-poèmes de Caroline Bergvall (abstract et bio ci-dessous). Lieu à confirmer.

 

« Les installations-poèmes plurilingues de Caroline Bergvall : pour une esthétique participative »

L’œuvre poétique de Caroline Bergvall, artiste franco-norvégienne contemporaine, travaille les enjeux de la rencontre entre les langues par des gestes d’écriture qui se déploient dans divers formes et lieux d’art, en particulier des installations dans des galeries et des musées. C’est notamment le cas de quatre installations-poèmes : « Say: “Parsley” », une installation sur le schibboleth (Exeter Maritime Museum en 2001, Museum of Contemporary Arts d’Anvers en 2008, et Arnolfini Gallery Bristol en 2010), « Via », une mise en scène de la traduction à travers le temps à partir du premier tercet de l’Inferno de Dante (à la Fundacio Tapies de Barcelone en 2004), « Middling English », qui rassemble des réécritures de Chaucer (John Hansard Gallery à Londres en 2010), et « Crop », qui questionne la possibilité du passage de frontières selon les corps (John Hansard Gallery à Londres en 2010, et John Hansard Gallery à Southampton en 2018). Les deux premiers ont été publiés sous forme de texte dans Fig (2005), et les deux derniers figurent notamment dans le recueil Meddle English (2011). Dans toutes ces installations, Bergvall se propose et nous propose d’explorer la matérialité des langues de manière multimodale et multisensorielle. Elle fait figurer le texte des poèmes de manière visuelle, par exemple avec des « broadsides » entremêlés (« Middling »), la projection de poèmes et mots (« Say: “Parsley” »), ou des lettres collées au mur, donnant diverses textures aux langues et au texte (« Crop »). Dans « Say: “Parsley” » et « Middling English » il était possible de s’emparer de bout de textes donnés sous la forme de pins et de « broadsides » respectivement. Elle met en outre en place des dispositifs sonores qui reprennent le texte des poèmes que l’on écoute avec ou sans casque. En manifestant simultanément ces facettes sensorielles — visuelle, auditive, tactile, voire proprioceptive — du langage, quelles visions des langues apparaissent et quelles relations entre elles sont-elles nouées ? Plus encore, comment les lecteur-ice-s devenus auditeur-ice-s et visiteur-se-e, voire acteur-ice-s, par les dispositifs mis en place par Bergvall participent-iels à ces relations ? Car, en effet, l’un des enjeux de ces installations-poèmes est pour Bergvall de créer des modes d’adresse poétique renouvelés (Contzen et Wolf « Interview with C. Bergvall » 2023). Nous examinerons ainsi comment la configuration multimodale et multisensorielle des installations-poèmes dénaturalise les contours des langues pour mieux les mettre en relation. Ces effets sont exacerbés par l’espace-temps de l’expérience de visite, dont les durées variables et les effets d’itération dans les divers espaces nous resituent et nous font nous resituer par rapport aux langues. Ainsi, il s’agira de voir comment les lecteur-ice-s / visiteur-se-s deviennent impliqué-e-s dans l’esthétique et l’éthique relationnelle des installations-poèmes de Bergvall (Edmond Make it the Same 2019).

Elise Angioi est actuellement en doctorat à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis au sein de l’unité de recherche TransCrit. Sa thèse porte sur les rapports entre temporalités et plurilinguisme dans des poésies contemporaines expérimentales de la sphère nord-américaine, chez Caroline Bergvall, Natalie Diaz, LaTasha Diggs, Erín Moure, et NourbeSe Philip.