Résumé:
Moving bodies, the expressivity of plasticity, and the language of performance are essential to theatre. Yet, it seems that Irish drama stands as an exception. Throughout the nineteenth century the Irish body has been excluded, distorted, deprived of its organic, plastic, verbal, and linguistic function onstage and offstage. Centuries of British repression and occupation as well as the emergence of a powerful Irish Catholic Clergy have enucleated the Irish body, especially the female body to the point of reducing it to a depersonalized empty shell, a cold, guilty, estranged and Kristevian abject body. From the stereotypical and animalized Paddy to the immobility of Irish stage techniques such as the famous stand and deliver paradigm, bodies have been submitted to immutability thus destroying the very essence of theatre. Nonetheless, the body also happens to be the very landmark of an Irish identity and modern history. Irish contemporary drama seeks to dramatize those staged bodies which registered the trauma of colonization. Postcolonial drama stages the spectacle of this infected, tormented, and famished Irish flesh which internalized physical and historical stigmas that have been transposed into types and stereotypes onstage. Irish contemporary drama reinvents and reconquers this corporeal identity to make it a postmodern and postcolonial Celtic body: a body revalorized through a katabatic process, through an ontological and bodily experience based on the ritual. Irish contemporary dramatists ranging from Tom MacIntyre to Enda Walsh investigate the traumatic body to exacerbate a Celtic identity based on movement. By integrating the choreographic body inherited from druidic dances, by staging energetic and explosive bodies, Irish contemporary drama reinvents an identity for the Irish stage and anchors it into its contemporaneity. From an inertial to a physical theatre, Irish contemporary drama stages the revenge of a postcolonial and even a decolonial Gaelic body that hankers after…words.
Rapport du jury
Le jury du Prix RADAC 2021 a choisi à l’unanimité de décerner ce prix au mémoire suivant : Le corps, la danse et la voix : affirmer l’identité celtique dans le théâtre irlandais contemporain.
L’originalité de ce mémoire repose sur le fait que son auteur ou son autrice s’attache à affirmer l’identité celtique dans le théâtre contemporain irlandais à travers l’étude du corps, de la danse et de la voix en s’appuyant sur un corpus très riche qui s’articule autour des œuvres de six dramaturges irlandais, de Tom MacIntyre, avec The Great
Hunger (1983) à Brian Friel, avec Dancing at Lughnasa (1990), Frank McGuinness, avec Carthaginians (1996), Enda Walsh, avec Disco Pigs (1997), Conor McPherson avec The Weir ( 1998) et Marina Carr avec On Raftery’s Hill (2000).
L’auteur ou l’autrice démontre que le théâtre irlandais contemporain pourrait se définir comme un théâtre du corps et que le corps irlandais est un corps qui se met totalement au service d’une identité postmoderne contemporaine. C’est par le corps et la revendication d’une corporéité scénique que l’identité irlandaise apparaîtrait dans son aspect le plus original. Et pour l’auteur/autrice, l’essence même du théâtre trouve son origine dans l’incarnation d’une voix sur scène, c’est-à-dire en la mise en chair de la parole, voire, si on insiste sur le caractère spectral du théâtre, en la matérialisation corporelle d’une absence. Le théâtre étant précisément le lieu où voix et corps convergent, il semblerait ainsi que le théâtre soit le genre littéraire le plus adapté à la représentation de cette identité irlandaise complexe et nuancée. Le recours à la danse et à la corporéité est alors pour l’auteur/autrice un moyen de représenter la recherche de cette identité irlandaise postcoloniale et donc d’une nouvelle « irlandicité ».
A travers ce travail l’auteur/autrice démontre que les dramaturges du corpus sélectionné manifestent l’identité irlandaise en ayant recours à la corporisation et à la matérialisation langagière, c’est-à-dire à l’incarnation du langage de façon proprement organique et charnelle. Il semble alors que ces deux formes d’expression artistique et dramatique permettent de faire éclore sur scène le spectacle d’une intériorité, d’une ipséité fondamentalement irlandaise qui proviendrait des entrailles, de la chair.
Ce travail est remarquable tant pour ses qualités rédactionnelles que pour sa maîtrise des connaissances théoriques utilisées. Les parties s’articulent clairement et avec cohérence. Elles sont essaimées de micro-analyses pertinentes. Les normes typographiques sont maîtrisées et bibliographie est dense. Ce travail augure d’une ouverture possible à une recherche doctorale.
Un résumé long du mémoire paraîtra dans le numéro 35 de la revue Coup de Théâtre à l’automne 2021.
Le RADAC, à travers son jury composé de Thierry Dubost (Université de Caen), Xavier Lemoine (Université Gustave Eiffel), Virginie Roche-Tiengo (Université de Paris 13) et Raphaëlle Tchamitchian (Université Paris 3), félicite Sophia Mallek et lui souhaite la bienvenue dans l’association.