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COLL VALE: « Taking place / L’avoir lieu », 4-6/10/2018, Sorbonne
4 octobre 2018 - 6 octobre 2018
Organisé par Guillaume FOURCADE, Juliana LOPOUKHINE, Benjamine TOUSSAINT et Kerry-Jane WALLART
Jeudi 4 octobre 2018, Salle des Actes (54 rue Saint-Jacques, 75005 Paris)
8.30 Accueil des participants / delegates’ welcome
9.15 Ouverture du colloque par Elisabeth Angel-Perez et Françoise Sammarcelli, Directrice et Vice-Directrice du laboratoire VALE (EA4085) / Conference opening by Elisabeth Angel-Perez (Chair of VALE) and Françoise Sammarcelli (Co-chair of VALE) Mises en crise du lieu / Critique of place Présidence / Chair : Françoise Sammarcelli
9.35 Christine Savinel (Université Paris 3, Sorbonne Nouvelle) : « Critique de l’événement : Gertrude Stein et le lieu du possible »
10.00 Valérie Morisson (Université de Bourgogne Franche-Comté, TIL EA4182) : « De l’avoir lieu à l’être-lieu : parcours dans l’œuvre de Dorothy Cross »
10.25 Antonia Rigaud (Université Paris 3, Sorbonne Nouvelle) : « Le désert comme scène de l’avoir lieu : Robert Smithson et Noah Purifoy »
11.10 Pause café / Coffee break Recherches du lieu / Looking for place Présidence / Chair : Frédéric Regard
11.20 Richard Phelan (Université Aix-Marseille) : « Un coin prolongé dans le temps »
11.45 Cécile Beaufils (Sorbonne Université, VALE) : « Journeys and Events: New Nature Writing in Britain and Event Culture »
12.25 Pause déjeuner / Lunch break
14.00 Conférence plénière / Plenary talk Prof. Elaine Freedgood (New York University) : « What Takes Place on the Page » Présidence / Chair : Guillaume Fourcade Lieux en devenirs / Becoming places Présidence / Chair : Line Cottegnies
15.15 Catherine Conan (Université de Bretagne Occidentale) : « La crise financière irlandaise de 2008 : l’impossible événement »
15.40 Benjamin Bouche (Université Paris Nanterre) : « Ce que l’avoir-lieu doit à l’« esprit des lieux » »
16.20 Pause café / Coffee break Expressions du lieu / Expressing place Présidence / Chair : Marc Amfreville
16.40 Cécile Rousselet (Paris 3 Sorbonne Nouvelle, CERC / Sorbonne Université, Eur’Orbem) : « Isaac Bashevis Singer : s’inscrire ici, parler de là-bas »
17.05 Slawomir Koziol (University of Rzeszów) : « Here, Meaning Where? Taking Place in Augmented Reality as Represented in Rainbows End by Vernor Vinge » 17.30 Barbara Kowalczuk (Université Bordeaux Montaigne) : « « Some Real War Shit. … I Fucking Held the Camera »: The Toxicity of Re-implacing Iraq in Roy Scranton’s War Porn »
Vendredi 5 octobre 2018, Amphithéâtre 25, Campus Pierre et Marie Curie (4 place Jussieu, 75005 Paris) Possibilités de l’événement / Possible events Présidence / Chair : Elisabeth Angel-Perez
9.00 Aurélien Saby (Sorbonne Université / Lycée Hélène Boucher) : « Quelque chose a-t-il lieu dans Sketches from the Sierra de Tejeda (2015) de John Fuller ? »
9.25 Cécile Varry (Université Paris-Diderot) : « « The Right Time and the Right Place Are Not Here » : Quête du lieu et forme liturgique dans la poésie de T.S. Eliot »
9.50 Solange Ayache (Sorbonne Université, ESPE Paris) : « « Taking Place » or « Giving Place »: From Events to Probabilities in Nick Payne’s Constellations »
10.35 Pause café / Coffee break L’événement comme avenir / The futurity of events Présidence / Chair : Juliette Utard
10.50 Laurent Folliot (Sorbonne Université, VALE) et Juliana Lopoukhine (Sorbonne Université, VALE) : « Writing out of Place: Woolf and Wordsworth in London »
11.30 Delphine Munos (Humboldt Postdoctoral Researcher, Goethe University Frankfurt) : « Giving a Face, Giving a Place: Narrating Indefinite Immigration Detention in Refugee Tales I and II »
12.15 Pause déjeuner / Lunch break
14.00 Conférence plénière / Plenary talk Prof. Glenda Norquay (John Moores University) : « Restoring Places in the Ruins of Time: Contemporary Scottish Fiction » Présidence / Chair : Benjamine Toussaint Performances poétiques / Poetic performances Présidence / Chair : Nicholas Manning
15.15 Pascale Guibert (Université de Franche-Comté) : « Dislocation – xlocation: The Apocalypse of Place in Eamonn Wall’s Poetry »
15.40 Bastien Goursaud (Sorbonne Université, VALE) : « Performance as Ceremony, Text as Monument: Alice Oswald’s Incantatory Poetics of Memory »
16.20 Pause café / Coffee break Evolutions de l’avoir lieu / Taking place as process Présidence / Chair : Geneviève Cohen-Cheminet
16.40 Nataliya Gorbina (Technical University of Dortmund) : « Chronotopic Encounter with a Bruegel in M. Frayn’s Headlong (1999) »
17.05 Camille Manfredi (Université de Nantes) : « « Walking As Knowing As Making » As Taking: Place As Process, or, Scotland As Hodology »
Samedi 6 octobre 2018, Maison de la Recherche, Amphithéâtre 035 (28 rue Serpente, 75006 Paris) L’ailleurs de l’avoir lieu / Taking place elsewhere Présidence / Chair : Marie-Céline Daniel
9.30 Cécile Angelini (Université Catholique de Louvain) : « Temps et espace chez Huebler »
9.55 Mabandine Djagri Temoukale (Université de Kara, Togo) : « Avantages et défis de la nigérianisation de l’anglais dans A Man of the People »
10.20 Maëlle Jeanniard du Dot (Université Grenoble Alpes / Université de Rennes II) : « Taking Place and Finding one’s Place: Unhomely Events in Mohsin Hamid’s Novels The Reluctant Fundamentalist (2007) and Exit West (2017) »
11.05 Pause café / Coffee break Traces de l’avoir lieu / Tracing what is taking place Présidence / Chair: Kerry-Jane Wallart
11.20 Anne-Sophie Letessier (Université Jean Monnet, EA 3069 CELEC) : « Inscription, Dislocation: Taking Place in Aritha van Herk’s Places Far From Ellesmere: A Geografictione »
11.45 Claire Omhovère (Université Paul-Valéry, EA 741 EMMA) : « What Place Takes Place in Jordan Abel’s The Place of Scrapes (2013)? »
12.10 Robert Kilroy (Sorbonne Université Abu Dhabi) : « When All That Takes Place Is the Place Itself: Tracing the Word/Image Parallax from Godot to Gatsby »
Texte de cadrage :
Avoir lieu : comme pour l’événement, l’expression dit un enchevêtrement de temps et d’espace, et peut-être la difficulté qu’il y a à penser l’un sans l’autre. Pliées l’une sur l’autre, temporalité et spatialité rappellent le chronotope de Bakhtine et représentent des conventions très marquées dans l’histoire du roman, mais aussi du théâtre, de la poésie, de la nouvelle; elles constituent surtout les coordonnées de nos points de vue empiriques. Plus que l’événement, peut-être, ce qui a lieu fait irruption dans sa matérialité, et met en lumière la singularité de la perspective d’où ce surgissement – fait divers ou moment historique, qui ne sont que deux visages de l’accident – est vécu. Ce qui a lieu implique un spectateur, qui est peut-être un témoin, voire, un lecteur. Les embardées du réel que le sujet désigne impliquent aussi un écrivant ou un écrivain, une mise en récit. Ce qui a lieu, enfin, c’est aussi la langue anglaise elle-même, qui advient sous toutes les latitudes et longitudes, toujours un peu plus, forçant le lecteur à opter pour ou contre le post-structuralisme, en faveur d’une contextualisation, ou pas. En français comme en anglais, l’événement, qui est aussi celui de l’apparition de l’oeuvre, se dit par le biais d’une métaphore curieusement spatiale plutôt que temporelle – /to take place/, avoir lieu. On souhaiterait lire cette expression sur le mode de la catachrèse, en lui rendant ce qu’on n’y entend plus guère – son rapport à un lieu. Dans les deux cas, il semble que la possibilité de l’action humaine, et de l’autorité (/authority/ aussi bien que /authorship/) qu’elle pose, s’inscrive non seulement dans l’espace mais aussi dans l’appropriation (/take/, avoir) de celui-là. Il paraît d’autant plus approprié de penser cette assignation/inscription spatiale en ce début de XXIème siècle qu’on voit se dessiner, dans le champ théorique, à la fois des lignes de fuite diasporiques (/diaspora studies/, puisque Londres n’est plus tant la capitale culturelle et littéraire d\’un pays qu’une ville-monde au carrefour de toutes les cultures) et un retour à un décor qui ne serait plus paysage, mais territoire débarrassé de la présence intrusive de l’homme (/ecopoetics/ et /environmental studies/, dans le sillage d’une relecture, faite notamment par Buell, des Transcendantalistes américains).
Avoir lieu, c’est aussi plus généralement le destin particulier de cette langue anglaise laquelle a, plus que toute autre, migré à travers le globe, par le jeu d’un projet impérial qui commence sous les yeux de Shakespeare et qui perdure dans ses effets en 2016, en passant par ces XVIIIème et XIXème siècles qui ont vu s’écrire foison de récits d’exploration et de description coloniales, en un mouvement centripète qui fonde et mine tout à la fois l’anglicité. Ce sujet permet peut-être par ailleurs de scruter les rapports entre les arts, déplacés par-delà leurs propres frontières, mais qui s’approprient également un nouvel espace de performance (notamment théâtrale et poétique, au sens strict) par ce biais de la transmédialité ; il pourra intéresser les chercheurs travaillant sur la temporalité et notamment sur les phénomènes de rythme, d’itération et de réitération, dans la mesure où la mémorialisation hante l’avoir-lieu, le reconduisant ou l’amenuisant (cf. Didi-Huberman et le non-lieu) ; il touche aux questions de genre, avec les espaces attribués à chaque sexe, et notamment au sexe féminin (le grenier, la cuisine, la maison – l’intime et le domestique), attribution qui va souvent de pair avec la confiscation de toute autorité ; il permet aux études américaines de repenser ce qui semble fondateur, et qui pourtant n’en finit pas de poser problème : le rapport au territoire « sauvage », qui n’est plus à cartographier au XXIème siècle et qui est aussi représenté comme – littéralement ou métaphoriquement – carcéral depuis le tout premier XIXème siècle. On pourra s’intéresser, dans le cadre des études du matérialisme culturel, à la façon dont, finalement, l’oeuvre n’a plus lieu, ou plus lieu de la même façon, depuis ce que Benjamin décrit comme l’ère de la reproductibilité de l’oeuvre d’art – à moins que ces interrogations ne replacent l’avoir lieu du côté de la réception, un autre chantier topique à l’heure d’une refonte fondamentale des circuits de transmission et de circulation des textes. On pourra aussi réfléchir à nouveau au rhizome de Deleuze, à la brisure de Derrida, à la modernité de Appadurai. Les concepts d’actualisation et de ritualisation mis sur le devant de la scène avec les performance studies pourront être mis à contribution, tout comme les genres utopique et dystopique, ou encore le phénomène des littératures régionalistes.