PRESENTATION DU THEME 2023-2025

Matière(s) vivante(s)

En écho au tournant matériel qui transforme aujourd’hui le champ des humanités, la thématique proposée nous permettra de repenser l’organicité de l’œuvre-corpus à l’aune des ‘matières vibrantes’ (Jane Bennett) qu’elle peut être amenée à mettre en scène ou dans lesquelles elle trouve parfois à s’incarner. L’idée d’une vibration ou d’une vitalité intrinsèque à la matérialité, qui ne serait pas nécessairement ancrée dans l’organique ou le physiologique, permet de dépasser le clivage classique entre matière inerte et vie animée et engage une conception nécessairement interdisciplinaire de la littérature et des arts. En se déployant à la frontière labile entre l’organique et l’inorganique, le matériel et l’immatériel, mais aussi l’humain et le non-humain ou encore l’animal, le végétal et le minéral, notre réflexion pourra ainsi faire dialoguer littérature, arts de la scène et du vivant, histoire de l’art, sciences du vivant, chimie, humanités médicales et/ou écologie. 

Living matter(s) (English version)

In the wake of the material turn and its transformative effects on the humanities, “Living Matter(s)” is an invitation to reconsider the organicity of the oeuvre-as-corpus through the prism of what Jane Bennett has called “vibrant matter,” which artworks repeatedly stage and sometimes embody. The notion of vibrancy, of matter’s intrinsic “animacy” (Mel Chen), in excess of the organic or the physiological, helps to move past the classic binarism between inanimate matter and animated life, calling for an approach to literature and the arts at the crossroads of disciplinary formations. Inhabiting the moving frontier between the organic and the inorganic, the material and the immaterial, but also the human and the non-human, as well as the animal, the vegetal, and the mineral, this proposed seminar intends to be a site for a series of robust conversations between literary studies, performance studies, art history, life sciences, chemistry, medical humanities and environmental humanities.

Coordinateurs: Thomas Constantinesco, Anne-Valérie Dulac, Charlotte Ribeyrol.

Pour le texte de cadrage : voir ci-joint.

Calendrier du séminaire général 2023-2024 :

Les séminaires ont lieu dans la Bibliothèque de l’UFR d’Etudes anglophones de 17 h 30 à 19 h30, sauf précisions contraires.

1. 19 octobre 16h  : AG extraordinaire de VALE; suivie à partir de 17 h 30 de la séance d’introduction au thème  au thème « Living Matters » – Anne-Valérie Dulac, Charlotte Ribeyrol et Thomas Constantinesco (VALE)

2. 23 novembre 2023 (salle à préciser): « Huxley et Claude Bernard à propos des bases physiques de la vie. Une conception métabolique du vivant? » – Cécilia Bognon-Küss (UFR de philosophie, SU)

Dans une conférence dédiée à la « base physique de la vie » Huxley (1868) annonçait avoir résolu le problème de la relation entre vie et matière : la clé de la vie réside dans le « protoplasme », base matérielle de toute forme de vie et qui relie entre elles toutes les organisations vitales, du lichen à l’homme. Reprenant les analyses de Huxley (et de Haeckel) sur le protoplasme et les extrayant de leur contexte évolutif et, au moins en partie, morphologique, Claude Bernard Bernard reformulait en 1878 la théorie protoplasmique dans le langage de la physiologie, c’est-à-dire en la centrant sur l’activité nutritive de la matière vivante. L’un des objectifs de Bernard dans les Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux végétaux et aux animaux de 1878 était certainement d’établir l’autonomie de la physiologie générale par rapport à la chimie d’une part et aux sciences contemplatives d’autre part (anatomie, morphologie, zoologie, botanique…). Dans cette optique, le développement de la perspective nutritive de Bernard sur la vie au niveau protoplasmique est également stratégique puisqu’il lui permet de se débarrasser de la morphologie : la physiologie se concentre sur la matière vivante plutôt que sur la forme, non seulement parce que la forme ne peut être soumise à l’expérimentation, mais surtout parce qu’elle n’est pas une propriété nécessaire de la vie. Si la vie existe sans forme, alors l’unité de base de la physiologie n’est pas la cellule, qui est un organisme déjà complexe, mais le protoplasme, « la base physique de la vie » comme le disait Huxley (1868). Une telle conception permettait alors à Bernard d’articuler différemment la relation entre forme et matière chez les êtres vivants, d’un point de vue que l’on dirait métabolique – c’est-à-dire de réévaluer la distinction entre une  » faculté évolutive, directrice, morphologique  » conférant au vivant sa distinction ou sa forme, et un métabolisme assurant le maintien continu de cette forme dans le changement permanent de la matière. 

Cécilia Bognon-Küss est maîtresse de conférences à Sorbonne-Université en histoire et philosophie des sciences biologiques et médicales (SND, UMR 8011). Ses travaux portent sur la nutrition et le métabolisme, les recherches sur le microbiome et la question de l’identité biologique. Sa thèse soutenue à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne s’intitulait « Entre biologie et chimie : Nutrition, Organisation, Identité » et examinait le rôle joué par l’étude de la nutrition et la constitution du concept de métabolisme dans l’émergence de la biologie aux dix-huitième et dix-neuvième siècles. Elle a notamment dirigé un numéro spécial de History and Philosophy of The Life Sciences, sur le thème « Organic – Organization – Organism : Essays in the History and Philosophy of Biology and Chemistry » (2019), et un livre dans la série History and Philosophy of Biology chez Routledge intitulé Philosophy of Biology before Biology (2019).

 
 

3. 14 décembre 2023: « “Law and Literature and the Material Turn” » – Greta Olson (University of Giessen)

This talk relates the large-scale move to matter in critical theory to critical legal scholarship and to interdisciplinary work on law and aesthetics. This move entails a turning away from what Karen Barad calls “representationalism [that is, the making of an] ontological distinction between representations and that which they purport to represent” (“Posthumanist Performativity,” 2008). Taking matter seriously also means thinking about law differently, for instance, how courtrooms and files determine the shape that legal processes take. Further, the turn to materiality has profound consequences for law in that it highlights the need to develop legal tools to advocate for the non-human Rights of Nature. Finally, the material turn’s ‘making matter matter to us’ alters how interdisciplinary projects like Law and Literature relate to their objects of study.   

4. 25 janvier 2024, 10 h – 17 h 00 : AG et journée d’étude VALE en interne

5. 1er février 2024: Lynn Festa (Rutgers University): « Thirteen Ways of Looking at a Canari »
 
Kept as pets, trained as songsters, and bred—bioengineered— for human auditory and visual pleasure, eighteenth-century canaries were living devices that preserved tunes in order to reproduce and perform them for humans. Natural historians and birdkeepers debated over whether the birds were recording, repeating, learning, or responding— reducing the bird, at one extreme, to a kind of mechanism, and making it into an active participant in a musical collaboration, at the other. Drawing on natural histories, breeding manuals, canary training handbooks, musical automatons, and paintings by Hogarth and Chardin, this paper examines the movement of the eighteenth-century canary across the shifting threshold between the organic and the mechanical, human and animal, and nature and art.
 
6. 7 mars: title to be confirmed – Ariane Fennetaux (Sorbonne Nouvelle), tba
 
7. 24-26 avril: COLLOQUE INTERNATIONAL de VALE: « La table dans les littératures et arts du monde anglophone »
 
8. 16 mai: séance hors thème – Michael Hurley (Trinity College, Cambridge): “Cries like dead letters sent”: How Poetry Saved Gerard Manley Hopkins 

This talk will consider why and how Hopkins wrote poetry at the most difficult times in his life, times of sheer, semi-suicidal despair when he feared he was slipping into madness. He wrote poems, it will be argued, not as a way of wallowing, by setting his misery to rhyme and metre; but rather, as a desperate means, when even prayer failed him, of working through his anxiety and anguish, including the feeling that God was absent, or indeed actively punishing him. The act of writing enables something more than a form of talking-cure catharsis, by which he might diffuse his fraught emotions simply by putting them into words. Composition allows him to re-compose, fundamentally, how he thinks and about his condition in the first place – so that he is able to rationalise and, ultimately, redeem his suffering into a kind of blessing.

 

__________________________________

 

PRESENTATION DU THEME 2021-2023: « A table! »

Du repas totémique primitif à la Cène de la crucifixion, les cultures européenne et nord-américaine sont hantées par ce rituel qui unit les hommes et les femmes en les invitant à « passer à table ». Manger ensemble : peinture, littérature, cinéma, récits de vie, se sont depuis toujours emparés de ce moment privilégié dans la vie des communautés. C’est bien sûr que se met en jeu par la même occasion une différence fondamentale, à l’origine de toute civilisation, celle qui oppose le cru et le cuit. Mais le repas est aussi très souvent un moment de crise dans l’harmonie fantasmée du partage de la nourriture.  Un invité peut se « mettre à table » et précipiter un éclatement de la société, un effondrement de ce qui la structure… Que mange-t-on ? Ne fait-on que manger ?  Et que font les arts lorsqu’ils se penchent sur cette table ? Les questions connexes seront celles du tabou, de l’animal, du cannibale, du vampire, du sauvage, du parasite, etc.  Outre des spécialistes des champs qui nous sont propres, pourront être invités au séminaire de VALE psychanalystes, historiens, ethnologues, sociologues, etc.

Texte de cadrage développé et bibliographie

PROGRAMME 2022-2023

Le séminaire VALE poursuit ses activités sur le thème « A Table! ». Il a lieu le jeudi de 17 h 30 à 19 h 30, en hybride, Bibliothèque de l’UFR, sauf précision contraire.

  •  6 octobre, amphithéâtre Quinet,  Sorbonne: François Laroque (Sorbonne Nouvelle) nous parler de « ‘Two dishes to one table’ (Hamlet, 4.3.24). Nourriture et pourriture dans Hamlet ».
  •  10 novembre: Michelle Coghlan (University of Manchester), “Devouring New England: the Matter of Mary E. Wilkins Freeman’s Culinary Regionalism” . (séminaire reporté en raison des grèves de transports)
  •  19 janvier: AG et Journée d’étude VALE
  •  16 février: Edouard Marsoin (Paris Cité), « Régimes alimentaires, régimes littéraires dans l’Amérique antebellum« , par zoom.
  •  16 mars: Agathe Torti Alcayaga (Université Paris Nord): « Mais que mangeaient donc les femmes sur la scène britannique au XXe siècle ? » et Thierry Dubost (Paris Cité): « What is this bullshit with the toast anyway? » Un impossible petit-déjeuner dans True West de Sam Shepard
  •  13 avril: Phil Withington (Sheffield University), « Banqueting, Ben Jonson, and the English Northern Renaissance »

__________________

PROGRAMME 2021-2022

Le séminaire VALE a lieu le jeudi de 17 h 30 à 19 h 30, en hybride, Bibliothèque de l’UFR, sauf précision contraire.

  • 7 octobre : Anthony Cordingley (Paris 8 / University of Sydney): « Beckett’s Famine Memory »
  • 25 novembre : Séance de cadrage — interventions de Frédéric Regard, Cécile Beaufils et Claire Wrobel (Sorbonne Université)
  • 20 janvier 2022: Journée d’étude et AG (10h-16h00). — Journée reportée au vendredi 18 mars 2022.
  • 17 février : Anne Tomiche (Sorbonne Université), « Parasites à tables, tables de parasites »
  • 18 mars: Journée de VALE et AG (10 h – 16 h 00)
    • 10 h – 12 h 30 : Présentations de travaux
      • Thomas Contantinesco, « ’An Essay in Cookery’: littérature, Food Studies et humanités de santé »
      • Jaine Chemmamery,  » ‘How about soup? […] Is your mother’s chicken broth political too?’ : La table, grande absente des littératures postcoloniales de langue anglaise? »
      • Manon Boukhrafa : « « Dilip Chitre’s Breakfast Poets: the tabled world of a Bombay poet »
    •    14 h 00 – 16 h 00 : AG de VALE
  • 31 mars : Elisabeth Angel-Perez, Aloysia Rousseau, Julie Vatain-Corfdir (Sorbonne Université), « De la fête à l’ascète : mettre le spectateur à table ? »
  • SEANCE REPORTEE au 6 octobre 2022: 14 avril : François Laroque (Sorbonne Nouvelle), « ’Two dishes to one table’(Hamlet, 4.3.24). Nourriture et pourriture dans Hamlet »  
  • 19 mai : Attention: Changement de salle — Maison de la recherche D 116, Daniel Carey (NIU Galway), « Travel, slavery, and diet in the 17th Century Caribbean: A Vegetarian critique »

 

 

_________________________________________________________________

 

PRESENTATION DU THEME 2018-2021: « La Réception »

Texte de cadrage: ci-contre

PROGRAMME 2020-2021

  • NB: Les séminaires ont lieu de 17 h 30 à 19 h 30, sauf exception
  • Attention Horaire exceptionnel: 13 h 00 – 14 h 30, 19 novembre 2020, Séminaire de rentrée : Glenn Roe (Sorbonne Université): « Les humanités numériques et la réception » (Salle D. 413 et par zoom en simultané).
  • 21 janvier 2021, AG annuelle de VALE.
  • Jeudi 4 mars: Joad Raymond (Queen Mary, University of London): “The News imaginary.”
  • Jeudi 15 avril: John McLeod (University of Leeds): “Writing the Trespasser: Race and Reception in Caryl Phillips’s Northern Lights”. Séance commune avec le séminaire “tranculturalismes”.
  • Jeudi 6 mai: Christine Lorre (Université Paris 3-Sorbonne nouvelle), “La réception de la littérature postcoloniale: vers une « décolonisation de l’imaginaire » ?
  • 25-26-27 juin 2021, COLLOQUE DE VALE SUR LA RECEPTION. (programme à suivre)

Pour le CFP, voir ici.

 

______________________________________

PROGRAMME 2019-2020

Les séances ont lieu de 17 h 30 à 19 h 30 dans la Bibliothèque de l’UFR, sauf mention contraire.

10 Octobre: J.-J. Lecercle (Paris Nanterre), “Interpellation, réception, contre-interpellation”

28 novembre: Ariane Hudelet (Paris Diderot), “Séries télévisées et contours du littéraire : enjeux de réception des « romans de prime-time”

(reporté en raison des grèves) 12 Décembre: Roger Chartier (Collège de France), “L’histoire du livre permet-elle de repenser une histoire de la réception”

16 Janvier: Journée VALE et AG annuelle

30 janvier 2020: Lionel Pilkington (NUI Galway), “Moving Statues: theatrical performance and problems of reception”

5 mars : Alain Viala (University of Oxford), “La réception: probématique et propositions pragmatiques, agrémentées d’un exemple galant”.

(séance reportée) 2 avril : Glenn Roe (Sorbonne Université), “Les humanités numériques et la réception des auteurs?”

(séance reportée) 14 mai : Christine Lorre (Sorbonne Nouvelle – Paris 3), « La réception de la littérature postcoloniale et la question de son marché littéraire »

(séance annulée) 18 juin: Roger Chartier (Collège de France), “L’histoire du livre permet-elle de repenser une histoire de la réception”

______________________________________

PROGRAMME 2018-2019

8 novembre 2018: Séance de Cadrage 1

13 décembre 2018: Séance de Cadrage 2

7 février 2019: Peter Boxall (University of Sussex; Professeur invité, Sorbonne Université): « All twined together: Proust, Joyce, Beckett ».

This paper addresses Beckett’s reception of Joyce and Proust, in terms of the ways in which all three writers account for the relation between mind and its various biopolitical extensions. Marcel writes, in Proust’s A la recherche, that the ‘contradiction of survival and annihilation’ are ‘strangely intertwined within me’, and this twining is central to Proust’s imaginative apparatus. It is a central aim also of Joyce’s work to give aesthetic expression to the weaving of material forms around the ‘impalpable, imperishable’ movement of mind, in order to test the tensile strength of what Joyce calls the ‘strandentwining cable of all flesh’. This paper will explore this twining in Proust and in Joyce, as it works through Beckett’s writing, from Dream of Fair to Middling Women to Worstward Ho.

  •  14 mars 2019: « La traduction est-elle une forme de réception ? L’exemple des nouvelles de Virginia Woolf ». Table ronde animée par Anne-Florence Quaireau (Sorbonne Université), avec la participation de Bernardo Toro (éditeur), Florence Didier-Lambert (Revue Rue Saint-Ambroise), Susan Pickford et Denis Lagae-Delvodère (Sorbonne Université

La traduction est-elle une forme de réception ? À l’occasion de la publication de nouvelles traductions de 18 nouvelles de Virginia Woolf par les éditions Rue Saint-Ambroise, nous nous interrogerons sur la façon dont la traduction influence la réception d’un texte, et nous demanderons dans quelle mesure elle constitue elle-même une forme de réception. Cette table ronde sera l’occasion de croiser les perspectives de différents acteurs de la réception (éditeur, traducteurs, nouvellistes, universitaires), tous en premier lieu lecteurs.

  • 11 avril 2019 : Charlotte Ribeyrol (Sorbonne Université) : « Chromotope : couleur et réception ».

Le 4 février 1884 John Ruskin annonce à son auditoire londonien l’apparition d’un phénomène météorologique nouveau, une nuée orageuse (« storm-cloud ») et pestilentielle (« plague-cloud ») dont l’existence était inconnue d’Homère et de Chaucer. Citant son propre journal à l’appui, il explique que ce voile noir (« black veil »), né de la fumée des cheminées des usines avoisinantes, lui est apparu pour la première fois en 1871, lors d’une promenade dans la campagne oxonienne. Pour Ruskin, l’industrialisation s’apparente en effet à une décoloration («blanch[ing] ») du monde, que seules les couleurs sacrées (« sanctifying colour ») d’un passé idéalisé pourraient pallier. Pourtant, la révolution industrielle fut aussi une révolution de la couleur – à l’image des colorants d’aniline inventés dans le sillage de la mauvéine de William Perkin. Mais de ces couleurs extraites du goudron de houille, Ruskin, et William Morris à sa suite, ne veulent point, en raison de leur brillance factice et éphémère. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la matière chromatique conjugue ainsi des temporalités complexes et se charge d’histoire(s), dont le projet ERC « CHROMOTOPE » (2019-2024) s’est donné pour objectif d’explorer les réceptions plurielles. Croisant littérature, culture visuelle, chimie, anthropologie et archéologie, ce programme de recherche analyse l’impact du tournant chromatique («chromatic turn ») qui s’opère alors en Europe. Cette communication sera l’occasion d’en présenter les principaux enjeux ainsi que les résultats attendus, en particulier l’exposition « Glowing colour, From Turner to Whistler » qui se tiendra à l’Ashmolean Museum d’Oxford en 2022, puis au Yale Centre for British Art en 2023.

  • 9 mai 2019 : Frédéric Regard/PACT (Sorbonne Université) : « Réception, genre, agency : autour de Judith Butler ».

____

PROGRAMME 2017-2018

– 9 novembre 2017 : Christine Savinel « Critique de l’événement : Gertrude Stein et le lieu du possible »

– 7 décembre 2017 : Maria Cristina Fumagalli « Away and beyond the edge of the Canvas: Derek Walcott and Peter Doig »

-11 janvier 2017 : Journée de VALE et AG

8 février 2018 : Jean-Marc Victor, « Dans un état proche de l’Ohio : Iowa de Nancy Rexroth ». 

8 mars 2018 : Barbara Kowalczuk (Université de Bordeaux), « Le lieu dans la peau : la hantise corporelle chez Tim O’Brien ».

5 avril 2018 : Séance à plusieurs voix, autour de Julien Alliot, Elisabeth Angel-Perez, Déborah Prudhon et Jeanne Schaaf: « Théâtres du non-lieu ? Quelques exemples britanniques contemporains »

 

 

___

PROGRAMME 2016-2017

– jeudi 1er décembre 2016: Le jeudi 1 décembre : cadrage sur « L’avoir lieu »
Avoir lieu : signalant l’irruption de l’événement, l’expression dit un enchevêtrement de temps et d’espace, et sans
doute la difficulté qu’il y a à penser l’un sans l’autre. Pliées l’une sur l’autre, temporalité et spatialité convoquent le
chronotope de Bakhtine et représentent des conventions très marquées dans l’histoire du roman, mais aussi du
théâtre, de la poésie, de la nouvelle ; elles constituent surtout les coordonnées de nos points de vue empiriques. Plus
que l’événement, ce qui a lieu fait irruption dans son irréductible matérialité, et met en lumière la singularité de la
perspective d’où ce surgissement – fait divers ou moment historique, qui sont deux visages de l’accident – est vécu. Ce
qui a lieu implique un spectateur, qui peut être un témoin, voire, un lecteur. Les embardées du réel que le sujet
désigne impliquent aussi un écrivant ou un écrivain, prisme actif de la mise en forme. Ce qui a lieu, enfin, c’est aussi
la langue anglaise elle-même, qui advient sous toutes les latitudes et longitudes, toujours un peu plus, sous des
formes déformées et reformées, sinon réformées.
En français comme en anglais, l’événement, qui est aussi celui de l’apparition de l’oeuvre, se dit par le biais
d’une métaphore curieusement spatiale plutôt que temporelle – /to take place/, avoir lieu. On souhaiterait lire cette
expression sur le mode de la catachrèse, en lui rendant ce qu’on n’y entend plus guère – son rapport à un lieu. Dans les
deux cas, il semble que la possibilité de l’action humaine, et de l’autorité (/authority/ aussi bien que /authorship/)
qu’elle pose, s’inscrive non seulement dans l’espace mais aussi dans l’appropriation (/take/, avoir). Il paraît d’autant
plus approprié de penser cette assignation/inscription spatiale en ce début de 21ème siècle qu’on voit se dessiner,
dans le champ théorique, à la fois des lignes de fuite diasporiques (/diaspora studies/, puisque Londres n’est plus tant
la capitale culturelle et littéraire d’un pays qu’une ville-monde au carrefour de toutes les cultures) et un retour à un
décor qui ne serait plus paysage, mais territoire débarrassé de la présence intrusive de l’homme (/ecopoetics/,
/nature writing/ et /environmental studies/, dans le sillage d’une relecture, proposée notamment par Lawrence
Buell, des Transcendantalistes américains). Avoir lieu, c’est aussi plus généralement le destin particulier de cette
langue anglaise laquelle a, plus que toute autre, migré à travers le globe, par le jeu d’un projet impérial qui
commence sous les yeux de Shakespeare et qui perdure dans ses effets en 2016, en passant par ces 18ème et 19ème
siècles qui ont vu s’écrire foison de récits d’exploration et de description coloniales, en un mouvement centripète qui
fonde et mine tout à la fois l’anglicité.
Ce sujet permettra de scruter les rapports entre les arts, poussés par-delà leurs propres frontières, mais qui
s’approprient également un nouvel espace de performance (notamment théâtrale et poétique, au sens strict) par ce
biais de la transmédialité ; il pourra intéresser les chercheurs travaillant sur la temporalité et notamment sur les
phénomènes de rythme, d’itération et de réitération, dans la mesure où la mémorialisation hante l’avoir-lieu, le
reconduisant ou l’amenuisant (cf. Didi-Huberman et le non-lieu) ; il touche aux questions de genre, avec les espaces
attribués à chaque sexe, et notamment au sexe féminin (le grenier, la cuisine, la maison – l’intime et le domestique),
attribution qui va souvent de pair avec la confiscation de toute autorité. Il permet aux études américaines de
repenser ce qui semble fondateur, et qui pourtant n’en finit pas de poser problème : le rapport au territoire
« sauvage », qui n’est plus à cartographier au 21ème siècle et qui est aussi représenté comme – littéralement ou
métaphoriquement – carcéral depuis le tout premier 19ème siècle. On pourra s’intéresser, dans le cadre des études du
matérialisme culturel, à la façon dont, finalement, l’oeuvre n’a plus lieu, ou plus lieu de la même façon, depuis ce que
Benjamin décrit comme l’ère de la reproductibilité de l’oeuvre d’art – à moins que ces interrogations ne replacent
l’avoir lieu du côté de la réception, un autre chantier topique à l’heure d’une refonte radicale des circuits de
transmission et de circulation des textes. On pourra aussi réfléchir à nouveau au rhizome de Deleuze, à la brisure de
Derrida, à la modernité de Appadurai. Les concepts d’actualisation et de ritualisation mis sur le devant de la scène
avec les /performance studies/ pourront être mis à contribution, tout comme les genres utopique et dystopique, ou
encore le phénomène des littératures régionalistes. — Kerry-Jane Wallart


-jeudi 2 février 2017 : Séance atelier animée par Françoise SAMMARCELLI (Paris Sorbonne) sur « l’avoir lieu dans la littérature américaine contemporaine », à partir de textes de Lance et Andi Olsen et Percival Everett.

– jeudi 2 mars 2017 : Catherine COQUIO (Université Paris Diderot). Séance organisée par ARTE : « « La mer n’est pas un lieu qu’on parcourt. Ce n’est pas une route ». (Un migrant dans Fuocoammare, par-delà Lampedusa de Gianfrancisco Rosi) »


– jeudi 20 avril 2017 : Peter HOLBROOK (University of Queensland, Australie) « On Naturalness in English literature »

– Le jeudi 18 mai 2017 : James SIMPSON (Harvard University): « The Theater Will not Take Place: Magic, Performance and Performativity in Late Medieval and Early Modern Theater »

– Le jeudi 1er juin 2017 : Marie CORDIÉ LEVY (Université Paris Diderot), « De la micro analyse historique en photographie : enjeux de l’avoir lieu de l’autoportrait photographique »